La question du ‘modèle turc’ ou le soft power de la Turquie au Moyen-Orient

2011-01-01
Si les révoltes de 2011 dans le monde arabe ont suscité un net regain d’intérêt pour le « modèle turc », l’idée même de la « Turquie comme modèle » et le débat qui l’entoure remontent en fait à la fin de la guerre froide. Washington en a été le premier promoteur, avant que la Turquie et le monde arabe ne s’y intéressent. Ce prétendu « modèle turc » ne revêt pas la même signification pour tous. L’usage de cette expression par les Américains a évolué avec le temps, et sa signification a aussi été beaucoup débattue en Turquie même ; enfin, dans le monde arabe, des acteurs divers se sont attachés à des aspects différents du modèle. Quel qu’en soit le contenu, ce débat révèle une progression du soft power de la Turquie dans le monde arabe. En rupture avec l’histoire passée des relations turco-arabes, à l’exception peut-être des premiers moments de la République turque, les Arabes s’intéressent désormais à ce qu’est la Turquie et aussi à ce que fait la Turquie. De façon symétrique, et comme jamais auparavant, on constate que le gouvernement au pouvoir en Turquie mène des politiques actives sur le plan national et régional qui ont rendu le modèle turc encore plus attractif. 2Ce chapitre analysera tout d’abord l’évolution des débats concernant le modèle turc aux États-Unis, en Turquie et dans les pays arabes. Il se concentrera ensuite sur les discussions récentes dans le monde arabe concernant la pertinence de ce modèle dans le contexte des transitions politiques en cours.
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M. Altunışık, La question du ‘modèle turc’ ou le soft power de la Turquie au Moyen-Orient. 2011, p. 146.